Un leader indigène meurt assassiné chaque semaine en Amérique Latine

Selon une nouvelle étude conjointe de la Commission économique pour l’Amérique latine (Cepal) et les Caraïbes et du Fonds pour le développement des peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes, les plus de 800 peuples autochtones d’Amérique latine doivent jouer un rôle de premier plan dans les espaces décisionnels. Ce rôle ne doit pas seulement servir à défendre leur droit à l’autodétermination, mais aussi en raison des contributions remarquables qu’ils peuvent apporter dans les processus de reformulation des modèles de développement

Bien que plus de trois décennies se soient écoulées depuis l’adoption de la Convention de l’Organisation internationale du travail sur les peuples indigènes et tribaux et la pleine reconnaissance de leurs droits par les États d’Amérique latine, les peuples indigènes de la région, soit quelque 60 millions de personnes représentant 10 % de la population totale, continuent d’être l’un des groupes accusant le plus grand retard économique et social, malgré les grands progrès réalisés dans ce domaine en Amérique latine.

Le vaccin, c’est le développement durable

Le rapport souligne que l’un des principaux défis pour les pays d’Amérique latine et des Caraïbes est de construire « des sociétés institutionnellement pluriculturelles, diverses, inclusives, équitables et non discriminatoires » où les droits des peuples autochtones sont reconnus et garantis.

Selon le document, l’un des moyens d’y parvenir est la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le développement durable, « si, dans les dix prochaines années, on accorde l’attention nécessaire et appropriée à l’harmonisation de ses objectifs et des cibles correspondantes avec les droits collectifs des peuples autochtones ».

Pour cette raison, le document recommande la création de « conditions législatives, institutionnelles, politiques et économiques qui reflètent la diversité existante » et rendent effectif l’engagement « de reconnaître, respecter, promouvoir, encourager et ne pas porter atteinte aux droits des communautés autochtones et de défendre les principes de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones », engagement pris par les pays en 2014 dans le cadre de sa Conférence mondiale.

La secrétaire exécutive de la Commission, Alicia Bárcena, a souligné que les 1223 conflits territoriaux actuels ont généré des mobilisations qui ont abouti à « la répression et la criminalisation », comme l’assassinat de 232 défenseurs des territoires indigènes entre 2015 et les six premiers mois de 2019. Ces chiffres représentent une moyenne de quatre meurtres par mois dans la région.

M. Bárcena a souligné que le niveau de pauvreté de la population autochtone est plus élevé que celui de la population non autochtone, et que les inégalités salariales entre les deux groupes de population sont plus importantes en fonction « du niveau de scolarité et du sexe ».

« Nous devons mettre un terme à la culture du privilège qui naturalise les inégalités, la discrimination et que nous avons héritée de la Colonie. Nous devons surmonter la culture des privilèges et passer à une culture de l’égalité qui respecte particulièrement la grande richesse des peuples indigènes. Abya Yala (Amérique en langue guna) est une terre en pleine maturité, avec un sang vital et où il est urgent de garantir les droits des peuples indigènes », a-t-il déclaré.

Le rapport fournit un aperçu actualisé de la situation des droits fonciers et forestiers, de la démographie et du droit au bien-être des peuples indigènes en Amérique latine, dans le but de soutenir le suivi de la mise en œuvre de l’Agenda 2030 et les actions urgentes visant à accélérer le respect des engagements pris par les pays de la région.

 

Source: ONU – Traduction: Romain Migus