Renforcement de l’autoritarisme en Haïti

14 décembre 2020

L’adoption par le président haïtien, Jovenel Moïse, d’un décret sur le « renforcement de la sécurité publique », ainsi qu’un autre créant l’Agence nationale de renseignement (ANI) et accordant aux agents de cette institution une quasi immunité juridique, fait l’objet de vives critiques tant en Haïti qu’à l’étranger.

L’adoption de tels décrets ouvre donc la possibilité d’abus, en ce sens qu’elle étend la qualification d' »acte terroriste » à certains actes qui n’en relèvent pas et prévoit des peines très sévères de 30 à 50 ans d’emprisonnement.

Pour le Secteur Démocratique et Populaire, l’une des plates-formes d’opposition au gouvernement, les décrets signés par le chef de l’Etat visent à instaurer une dictature à la manière de François et Jean-Claude Duvalier, qui ont gouverné le pays de 1957 à 1986 d’une main de fer.

Fernando Duclair, un de ses membres, a déclaré que le décret accorde les pleins pouvoirs à l’agence, y compris la répression, et est un mécanisme qui permettra au président, Jovenel Moïse, d’avoir le contrôle de la nation, c’est pourquoi il a également critiqué la résolution pour exempter les agents de rendre des comptes devant les tribunaux dans l’exercice de leurs fonctions et d’opérer de manière anonyme.

Pour sa part, le Collectif du 4 décembre a dénoncé que l’ANI va permettre aux autorités de légaliser la répression et de rejeter les revendications de la population, tout en aggravant la situation de banditisme et la multiplication des actes de violence.

Le Core Group (« Groupe central », composé des ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, de l’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de la France, de l’Union européenne, du représentant spécial de l’Organisation des États américains et du représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies) a exprimé, dans une déclaration, sa préoccupation après les décrets controversés.

Le groupe des ambassadeurs étrangers a noté dans sa déclaration que ces « deux décrets présidentiels, adoptés dans des domaines qui relèvent de la compétence d’un parlement, ne semblent pas conformes à certains principes fondamentaux de la démocratie, de l’État de droit et des droits civils et politiques des citoyens ».

Selon le communiqué des ambassadeurs, « le Groupe central souligne également, de son point de vue, l’importance de « rétablir un parlement élu en organisant des élections législatives le plus tôt possible, dès que les conditions d’une élection démocratique sont réunies ».

 

Source: Telesur – Traduction: Romain Migus