L’ultradroite remporte les élections primaires en Argentine

[Les argentins ont voté dimanche 13 août pour des primaires obligatoires qui définissent les futurs candidats présidentielles au sein de diverses organisations politiques. Dans la pratique, cet exercice revient à faire un sondage réel, NdT]

Bien que les sondages le donnaient gagnant, Javier Milei a surpris lors des élections primaires en se confirmant comme le candidat le plus voté après avoir obtenu plus de 30 % des voix. Le leader de Libertad Avanza, qui était également la force la plus votée, a battu Sergio Massa (Unión por la Patria), qui a obtenu un peu plus de 21 %, et Patricia Bullrich, qui a battu Horacio Rodríguez Larreta lors du concours interne de Juntos por el Cambio (Ensemble pour le changement). Si l’on additionne les différents candidats au sein des alliances, l’ultradroite de Milei devance l’extrême droite du tandem Bulrich-Larreta (30,05% vs 28,26%). Le tandem peroniste regroupant du centre droit à la gauche radicale obtient 27,25%.

Milei a obtenu plus de 6 millions de voix, consolidant ainsi sa position de meilleur candidat pour les élections générales d’octobre. « Nous sommes la véritable opposition », a-t-il déclaré en célébrant le résultat.
En ce qui concerne les élections générales d’octobre, le ministre de l’économie et désormais candidat unique d’Unión por la Patria, Sergio Massa (centre droit), a obtenu environ 21 % des voix et devrait s’approprier la majeure partie des 5,3 % remportés par Juan Grabois (gauche radicale), son rival lors de l’élection interne.

Le grand concours interne qui a attiré l’attention des primaires a été celui de Juntos por el Cambio (extreme droite), entre Patricia Bullrich et Horacio Rodríguez Larreta, qui aspirait à devenir l’opposant le plus voté et à être en lice pour la présidence lors d’un second tour presque certain. Cependant, le résultat surprise de Milei a déclenché un signal d’alarme.

Bullrich a finalement battu Larreta d’environ 6 points -17% contre 11%- et sera la candidate de JxC en octobre. La question est maintenant de savoir si elle sera capable de conserver les votes du chef sortant du gouvernement de Buenos Aires après une campagne difficile qui laissera des blessés derrière Juan Schiaretti de Córdoba (4,65%). D’autre part, Miriam Bregman a battu Gabriel Solano de plus de 150 000 voix au sein du Front de gauche-Unité (2,53%) (Trotskyste).

Par ailleurs, les espaces dirigés par Guillermo Moreno (0,75%), Jesús Escobar (0,71%) et Manuela Castañeira (0,36%) n’ont pas dépassé 1,5% du total des votes sur la liste électorale, et n’ont donc pas atteint la ligne de démarcation pour pouvoir concourir aux élections générales d’octobre.

Dans la répartition nationale, Unión por la Patria n’a gagné que dans cinq provinces : Formosa, Chaco, Santiago del Estero, Catamarca (où Raúl Jalil a également gagné le PASO provincial) et Buenos Aires (Axel Kicillof a gagné les primaires provinciales).

Pour leur part, les candidats nationaux de Juntos por el Cambio ont été les plus populaires dans trois circonscriptions : la ville de Buenos Aires (où ils ont remporté les primaires, avec Jorge Macri), Entre Ríos (où ils ont remporté la primaire provinciale, avec Rogelio Frigerio) et Corrientes.

Dans les 16 autres provinces, La Libertad Avanza a gagné au niveau national, y compris à Santa Cruz, où le péronisme est en passe de remporter les élections provinciales au poste de gouverneur.

Qui est Javier Milei ?

Le candidat à la présidence de La Libertad Avanza (LLA), Javier Milei, a créé la surprise lors des primaires ouvertes, simultanées et obligatoires (PASO), en remportant 30 % des voix.

Dans son discours de remerciement aux électeurs, il a assuré que « nous sommes face à la fin du modèle des castes », qui est « basé sur cette aberration qu’est la justice sociale ».

« Nous sommes face à la fin du modèle des castes, ce modèle basé sur cette atrocité qui dit que ‘là où il y a un besoin, un droit naît’ mais qui oublie que quelqu’un doit payer pour ce droit », a déclaré Milei, en remettant en question une phrase historique d’Eva Perón, référence et bannière du péronisme, lorsqu’il s’est exprimé dans le bunker installé dans l’hôtel Libertador sur l’avenue Córdoba 690, dans le centre de Buenos Aires.

« une aberration appelée justice sociale »

Dans son discours, le candidat d’extrême droite à la présidence a fustigé « cette aberration appelée justice sociale, qui est injuste parce qu’elle implique une inégalité de traitement devant la loi et qu’elle est précédée par le vol ».

« Je veux remercier tous ceux qui ont parié depuis 2021, un tiers des Argentins ont décidé de voter pour l’expression qui changera l’Argentine. En résumé, je veux vous dire que nous sommes face à la fin du modèle des castes, ce modèle basé sur l’idée que là où il y a un besoin, il y a un droit », a déclaré le nouveau candidat à la tête de l’État, accompagné de ses principaux leaders.

Le pré-candidat a prononcé son discours en compagnie de la pré-candidate à la vice-présidence Victoria Villarruel, du pré-candidat à la tête du gouvernement de Buenos Aires Ramiro Marra – qui est arrivé en troisième position avec 12 % des voix – et de la candidate au poste de gouverneur de la province de Buenos Aires Carolina Píparo – qui a été la deuxième candidate la plus votée dans la province de Buenos Aires – entre autres.

Dans ce contexte, il a particulièrement apprécié les élections dans la province de Buenos Aires – « Nous avons placé toute notre confiance en Carolina pour éloigner la province du kirchnérisme et chasser Kicillof » – et a souligné que si les chiffres de ce soir se répétaient en octobre, ils obtiendraient 8 sièges au Sénat et 35 à la Chambre des Députés.

« Nous allons finir d’enterrer le kirchnérisme et nous sommes les seuls à pouvoir faire avancer l’Argentine », a-t-il harangué ses partisans.

Dans ce sens, Milei a souligné que « les gens oublient que quelqu’un doit payer pour ce droit » et a indiqué que « la justice sociale est injuste parce qu’elle implique un traitement différent devant la loi ».

Le bunker situé dans le centre de Buenos Aires a éclaté en cris et en acclamations lorsque les premiers chiffres officiels ont été annoncés vers 22h30 depuis le centre de décompte officiel installé dans la Poste centrale.

Les militants ont scandé « Qué se vayan todos » – qui a commencé à se faire entendre lors de la crise de 2001 – et ont sauté au rythme de « Nada de esto fue un error » (Rien de tout cela n’était une erreur) de Coty.

Le candidat est entré sur scène enlacé par sa sœur Karina Milei sur la chanson « Vamos por la gloria » de La Berisso, les bras levés et visiblement choqué par ce résultat inattendu.

Le candidat à la présidence a commencé son discours en remarquant que son parti avait réussi à « construire une alternative qui mettrait fin au kirchnerisme » ainsi qu’à « la caste », qu’il avait toujours combattue dans ses discours de campagne.

Avec des clins d’œil humoristiques, Milei a remercié « nos équipes de travail et bien sûr notre patronne (Karina Milei) et nos enfants à quatre pattes, Conan, Milton, Rober, Lucas et Murray », a déclaré le libertaire en référence à ses cinq chiens mastiff.

Les militants ont interrompu le candidat en scandant « Milei presidente » et « La casta tiene miedo » (La caste a peur), encouragés par les leaders qui l’ont accompagné dans son discours.

En outre, le libertarien a rappelé que le modèle actuel « se traduit par une crise de la dette » et a affirmé qu' »il ne favorise pas ceux qui font des affaires honnêtes ».

« Aujourd’hui, nous nous sommes levés pour dire stop au modèle de décadence, nous avons fait le premier pas vers la reconstruction de l’Argentine et tout cela se manifeste par un ensemble de réalisations et de mesures lors de l’élection d’aujourd’hui », a-t-il déclaré.

Source: Nodal – Traduction: Romain Migus