Les déclarations du président salvadorien sur le massacre d’El Mozote suscite un tollé

20 décembre 2020

Les 11, 12 et 13 décembre 1981, le bataillon Atlacatl, une unité militaire créée, équipée et entraînée par les États-Unis a torturé, violé, et massacré les habitants du village El Mozote, suspectés d’entretenir des liens avec la guérilla. Les criminels trouvèrent le renfort et le soutient à Washington d’Elliot Abrams, alors secrétaire d’État pour les questions liées aux droits de l’Homme et à la démocratie, et aujourd’hui Envoyé spécial des États-Unis pour le Venezuela et l’Iran. Les 2 Rives

L’organisation humanitaire Cristosal a rejeté les attaques du président du Salvador, Nayib Bukele, contre l’un des avocats des victimes du massacre d’environ 1 000 paysans à El Mozote en 1981.

Le président s’est rendu dans la région du massacre dans le nord-est du Salvador pour annoncer son soutien à la communauté et pour accuser les gouvernements précédents et les défenseurs des droits de l’homme qui accompagnent les survivants de tirer profit de l’affaire.

L’organisation a déploré les « attaques infondées contre le défenseur des droits de l’homme David Morales, membre de Cristosal et représentant des victimes dans le processus pénal » auxquelles ont été confrontés plus d’une douzaine de militaires à la retraite.

Bukele a accusé les gouvernements précédents – en particulier le Front de libération nationale Farabundo Martí (FMLN) – de profiter du massacre de 1981 dans la région pendant le conflit armé, où des éléments des forces armées ont tué environ 1 000 personnes, principalement des femmes et des enfants.

Le président s’est rendu au hameau d’El Mozote à Morazán pour annoncer plusieurs travaux communautaires et, conformément à sa promesse, accélérer le processus de réparation et de revendication du lieu, après 39 ans de ce crime contre l’humanité.

« Mauricio Funes avait promis des justifications pour El Mozote, mais il n’a jamais tenu parole. Il est venu ici pour pleurer, avec des larmes de crocodile, et il a menti, il n’a rien fait… »

« Puis le commandant de la guérilla, chef du FPL, Salvador Sánchez Cerén, qui allait rendre justice aux victimes du Salvador, y compris celles d’El Mozote, a gagné les présidentielles. Et que s’est-il passé ? Rien », a déclaré M. Bukele, en référence aux deux derniers présidents du Salvador, membres du FMLN.

Les déclarations incendiaires de Bukele contrastent avec les événements les plus récents de ces derniers mois dans le cadre de l’enquête et du procès du massacre, où l’une des questions centrales était l’accès aux archives militaires, qui serviraient de preuves pour le procès.

Le gouvernement de Nayib Bukele a bloqué une inspection judiciaire des archives secrètes du massacre d’El Mozote.

Cristosal, dans une déclaration, a également regretté l’exclusion de l’événement de l’Association des droits de l’homme El Mozote, fondée par des survivants et des membres des familles des victimes du massacre perpétré par l’armée.

« Le président Bukele manque à sa responsabilité constitutionnelle de promouvoir la paix et l’harmonie sociale, mais il viole également les normes internationales qui l’obligent non seulement à protéger les droits des défenseurs, mais aussi à être un promoteur de ces droits », a-t-il déclaré.

Il a déclaré qu' »il est positif que le gouvernement exprime sa volonté de travailler dans les communautés touchées par les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité », mais que cela doit se faire dans le cadre d’un arrêt de la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH).

Le président est confronté à ces organisations, au procureur des droits de l’homme, Apolonio Tobar, et au juge de la procédure pénale, Jorge Guzmán, depuis que l’armée a bloqué une série d’inspections des archives militaires entre septembre et octobre.

 

Source: Telesur – Traduction: Romain Migus