22 personnes mises en examen dans le dossier des écoutes illégales en Argentine

1 juillet 2020

Le dossier des écoutes illégales durant l’ère de Mauricio Macri prend de l’ampleur. Le juge Federico Villena a ordonné l’arrestation d’une liste de membres du groupe d’espionnage illégal dit Super Mario Bros, en référence au fameux plombier. Les forces de sécurité ont d’abord arrêté Jorge El Turco Sáez et Leandro Araque, tandis que l’avocat et également agent de l’Agence fédérale de renseignements, Facundo Melo, a décidé de se rendre au tribunal de Lomas de Zamora pour se livrer. Quelques minutes plus tard, la liste des détenus s’est allongée, y compris Susana Martinengo, la coordinatrice de la documentation présidentielle, qui a reçu les rapports illégaux à la Casa Rosada.

Parmi les détenus figuraient Diego Dalmau Pereyra, ancien directeur du contre-espionnage de l’AFI durant le gouvernement de Mauricio Macri, et l’espion Emilio Matta, qui a participé à l’espionnage à l’Institut Patria et à l’opération de suivi de Florencia Macri.

Un des éléments controversés de ce dossier est que le juge avait accordé l’exemption de prison à plusieurs des espions, mais le procureur Cecilia Incardona a fait appel de cette décision, de sorte qu’une audience virtuelle est prévue pour jeudi à La Plata. Il est étrange que des captures se produisent lorsque des décisions de la Chambre sont en suspens.

Il est très probable que Villena soutiendra les arrestations en affirmant que les espions étaient engagés dans des opérations de renseignement illégales et ont donc la capacité de faire obstruction à l’enquête. Dans le cas de Dario Nieto, le secrétaire personnel de Mauricio Macri, il a même effacé des fichiers de son téléphone portable au moment de la descente de police : il s’est enfermé dans son véhicule et tout indique qu’il s’est consacré à les effacer.

Comment le gang de Super Mario Bros a fonctionné

À ce stade de l’enquête, il est très clair que les membres de l’équipe dite Super Mario Bros. espionnaient les dirigeants politiques du péronisme mais aussi du parti présidentiel Cambiemos, ainsi que des dirigeants syndicaux, l’évêque Jorge Lugones, un point de référence pour les mouvements sociaux, et même la jeune sœur de Mauricio Macri, Florencia, et son compagnon. Ces informations illégales ont été transmises à la Casa Rosada, le palais présidentiel, où les espions se sont rendus à douze reprises, et aux renseignements argentins.

Le complot est de grande envergure, bien supérieur, par exemple, à celui du Watergate, qui a fait tomber le gouvernement de Richard Nixon pour avoir espionné l’opposition. Tout indique que des actes d’espionnage ont été commis dans les prisons, lors des opérations menées par Marcelo D’Alessio. Dans le dossier, on trouve des traces d’écoutes et de surveillance des détenus de la prison d’Ezeiza, de leurs partenaires et de leurs avocats, ce qui n’a pas beaucoup de précédent dans le monde.

 

Source: Pagina 12 – Traduction: Romain Migus